Mon petit Paul !

Plus qu’un travail autour du mythe Claudel - Camille et Paul - Mon Petit Paul ! et L’Echange constituent deux volets d’un projet triennal engagé par Vincent Roumagnac, “Chambres doubles”. Le dernier opus, La Chambre de Peter, d’après Paul Auster, a été créé à Berlin en avril 2005. “Chambres doubles”, ou comment penser l’individu dans l’espace clos de sa solitude, oser le regard à l’intérieur de cet espace d’errance et devenir témoin de ce que le jeune metteur en scène appelle “schizophrénies quotidiennes” ?


Mon petit Paul !
Repérée à 15 ans alors qu’elle sculpte dans la glaise un puissant David et Goliath, Camille Claudel est rapidement présentée à Auguste Rodin, le sculpteur autour duquel tout Paris s’affole. Malgré les vingt ans qui les séparent, un amour passionné naît entre les deux artistes : Camille devient sa collaboratrice, sa muse, irremplaçable. Rodin refuse pourtant de se séparer de sa compagne, Rose Beuret, confrontant Camille à la douleur de devoir renoncer au mariage, à la maternité. Progressivement hantée par le sentiment d’être injustement exploitée, persécutée, Camille voit son amour devenir détresse et jalousie. Le 10 mars 1913, elle est internée à la demande de sa famille. Trente ans plus tard, “Mon petit Paul !” sont les derniers mots de l’écorchée vive à son frère adoré, avant de s’éteindre en 1943 à l’Asile de Montdevergues.

Le destin tragique de Camille fait naître des fantasmes, un mystère poétique et palpable, comme ses œuvres. Vincent Roumagnac revisite ce mythe de la féminité, de l’amour, de la folie à partir de traces bien réelles - les lettres de Camille à son frère, les textes de Paul Claudel - et à partir du personnage de cette femme inconnue qu’il a imaginé. Elle travaille seule chez elle, sans qu’on sache exactement pourquoi. Seul son sujet est bien présent : Camille, sa vie, sa perte. Et nous, public pris dans son intimité, nous la regardons vibrer, sombrer avec celle qu’elle décortique, devenir le corps nu de ses sculptures, le corps préoccupé de l’artiste. Avec une sobriété brute, rendant toute son intensité à l’émotion, Vincent Roumagnac orchestre, de cadres en cadres, le lent combat de son personnage. Retrouver la femme, Camille, la vérité, derrière le mythe et sa monstruosité. Un portrait, un don de soi, une tragédie sous nos yeux. Bouleversante.



TEXTES
Camille Claudel (correspondances),
Paul Claudel
(extraits/théâtre de L’endormie, L’annonce faite à Marie, Partage de midi, Tête d’or), Reine Marie Paris (Biographie),
Jean-François Alilaire et François Lhermitte
(rapports psychiatriques), Vincent Roumagnac
MISE EN SCENE
Vincent Roumagnac

AVEC
Valérie Larroque
Nathalie Ortega
(en alternance)

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