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Rappel de l'annonce :
Jeune homme de 26 ans dans la solitude en quête d'amitiés
Je suis quelqu'un de bien trop timide pour entamer des discussions avec des personnes dans un lieu public et espérer tisser des liens d'amitié avec elles. Les études que j'ai suivies ne m'ont pas non plus donné une grande satisfaction sur un plan humain à cause du manque d"affinités avec mes camarades. D'où cette annonce, qui est mon seul recours pour ne pas rester constamment dans la solitude. Je me suis laissé ensorceler depuis mon adolescence par la littérature et l'art dans une intention de transcender par la beauté une vie qui n'a pas toujours été rose, mais au point parfois d'en oublier de vivre. Le remède étant souvent en même temps le poison, je me suis coupé sans le vouloir vraiment des gens de mon âge avec mes préoccupations anachroniques et mon désintérêt pour d'autres domaines (les boîtes de nuit ne m'ont jamais intéressé et je suis nul en sport...). Pour reprendre la formule d'Herman Hesse, je suis un enfant du diable. Quand je ne suis pas occupé, je passe aussi bien que possible le temps en organisant des voyages autour de ma chambre, en explorant des parcs publics divers et en poursuivant l'édification d'une bibliothèque de Babel personnelle. Je me surprends aussi à regarder envieusement les gens vivre. Les larmes me viennent aux yeux en arrivant au niveau d'une terrasse de café : je donnerais absolument tout ce que j'ai au monde, même une fois par an, pour être à la place des gens qui s'y trouvent assis entre amis. Je culpabilise et me sens parfois un peu monstrueux, aussi, en longeant un magasin de vêtements pour bébés ou en croisant des couples qui s'enlacent, comme si la perspective de sortir de ma condition de solitaire me paraissait improbable. Il me semble parfois que j'aurais été plus heureux si j'étais né deux cents ans auparavant. On rêve des batailles d'Austerlitz, de Wagram ou de Waterloo, et on se retrouve avec des supermarchés à tous les coins de rue pour seul horizon... J'ai été, durant mes années de collège et la première année du lycée, ce qu'il est convenu d'appeler un souffre-douleur. Cette torture psychologique quotidienne m'a fait développer jusqu'à aujourd'hui une certaine crainte vis-à-vis d'autrui et la conviction de ne jamais être assez bien pour être accepté par qui que ce soit. Le suicide a souvent traversé mon esprit, mais l'idée de pouvoir faire de la peine à ma mère a pour le moment toujours eu raison de cette tentation. Malgré cela, je garde l'espoir d'établir quelques contacts par e-mail qui pourraient conduire à des amitiés sincères. Je veux croire que cette annonce intriguera plus d'une personne et sera le commencement de discussions enrichissantes. Comme je me passionne aussi pour le théâtre, ce serait merveilleux pour moi de pouvoir partager tout au long de l'année des pièces avec une autre personne. J'avoue avoir tout de même quelques exigences, mais qui me semblent aller de soi quand on écrit à quelqu'un (même sur Internet) : je ne répondrai tout simplement pas à tout message qui présenterait des familiarités, des conseils de vie ou des jugements moraux, des remarques caustiques, des réflexions indigentes sur la condition de la jeunesse au vingt et unième siècle, des propositions malhonnêtes, un contenu qui ne dépasse pas une ligne, des abréviations et, bien entendu, des fautes d'orthographe toutes les trois lettres. Je suis déjà bien assez désespéré comme cela par l'état du français dans la vie courante pour daigner souscrire à cet état de fait. Ce dont j'ai le plus peur, c'est de voir ma belle langue française réduite à brève échéance, sous les coups d'un mondialisme niveleur, à n'être plus qu'un simple patois parlé seulement par quelques nostalgiques. Si vous vous retrouviez par hasard dans ces quelques lignes, et si je ne vous ai pas trop effrayé, n'hésitez pas à me contacter. Je me ferai un plaisir de faire votre connaissance. Merci de votre attention. Florian. | |
